«Je me suis avancé vers le coffre et j’ai actionné son sésame, selon les instructions de Tosiman. Le coffre s’est ouvert. Il était profond. Creux. Sombre. Idiot et vide. VIDE! Comme le ventre d’un affamé! Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce coffre vide m’a réjoui, comme si ça avait été une dernière farce que m’avais jouée mon copain Tosi. J’ai eu un réflexe dont le sens m’a échappé. J’ai pris une feuille de papier sur un bureau et j’ai écrit: « Quand j’étais gamin, j’ai passé un été dans cette maison. Malgré le fossé qui nous séparait, je peux vous dire que j’ai été heureux chez vous. Je suis venu, bien que mort, vous en remercier. Albert Tosiman, tué par la connerie humaine. » J’ai mis le papier dans le coffre que j’ai refermé. Je n’ai laissé aucune trace de mon passage hors du coffre. Je suis redescendu à la cave et j’ai repassé le soupirail. J’ai refixé la grille contre le mur. Je suis sorti de la propriété. Un chien a aboyé dans la nuit. Au ciel il y avait des étoiles et peut-être Tosiman assis sur l’une d’elle. Je ne l’avais toujours pas mon fric pour une île déserte avec des singes en peluche et des baobabs en carton. Mais Tosiman ne m’en voudrait pas, pour une fois. Je me suis enfoncé dans la nuit.»
Né à St-Prex au bord du Léman. Vit aujourd’hui à Prattein, près de Bâle. Divers métiers, voyages. Baobabs en carton est son premier roman publié. Il écrit aussi du théâtre et de la poésie.
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