« Derrière les grilles du zoo humain, le sauvage sert à enseigner la civilisation.
Derrière les murs de la Salpêtrière, les folles servent à enseigner la raison.
Dans les chambres aux miroirs multiples, les filles servent à enseigner l’ordre. »
Paris, seconde moitié du XIXe siècle, la ville de tous les excès où se déploient les scandales de l’art, les prouesses de la science, les grands travaux d’urbanisme, les brutales politiques hygiénistes.
Paris, 1856, naissance de Jeanne L’Étang. Enfermée de maison en maison, des combles de la maison mère aux pavillons de la Salpêtrière jusqu’aux salons des maisons closes, Jeanne L’Étang apprendra à vivre et à s’orienter entre ces mondes d’exils.
L’auteure s’est immergée dans les archives de l’Assistance Publique, de la Bibliothèque universitaire Pierre et Marie Curie et de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, pour y rencontrer Charcot, Freud, Degas, les clients des bordels et les folles de la Salpêtrière, les bourgeois et les mendiants, la ville et ses ombres, jusqu’à construire autour de son héroïne la langue la plus précise et la plus puissante possible.
Perrine Le Querrec est née en 1968 à Paris. Elle publie de la poésie, des romans, des pamphlets. Elle écrit par chocs, construit une langue et un regard à la poursuite des mots réticents, des silences résistants. L’image comme l’archive sont des matériaux essentiels à sa recherche poétique, tout comme son engagement auprès de ceux dont la parole est systématiquement bafouée. Roman chorégraphique, écriture iconographique, poésie accompagnée d’improvisations musicales, travaux d’écritures avec des photographes, des plasticiens, les champs d’expérimentation de Perrine Le Querrec s’enrichissent de tous les vocabulaires de création.