Sur la planète du chocolat, la Suisse peut être vue comme une anomalie géographique. Les Suisses sont les plus gros mangeurs de chocolat au monde en sont aussi les producteurs les plus appréciés. Une anomalie qu’on a mise sur le compte d’une gourmandise bien placée ou d’une capacité innée à faire de la qualité dans cette « niche » gastronomique. La crise environnementale actuelle impose de revoir nos comportements alimentaires. En faisant un effort en particulier sur la traçabilité des végétaux et des animaux à l’origine de nos aliments. Car jusqu’alors, le marketing avait pour tâche de « réenchanter l’alimentation », comme si on admettait implicitement que la cassure d’avec les origines avait entamé le capital nutritionnel et culturel de nos nourritures.S’agissant du chocolat, les multiples manières de le préparer pour ledéguster ont ôté ce qui était à l’origine de son côté magique au temps des Aztèques et des Mayas. Chaque pays s’en est emparé avec sa culture technique et politique et la Suisse a joué un rôle considérable dans le monde pour la démocratisation du chocolat. Mais il a fallu l’attention des ONG pour désigner les trafics, les malversations, les spéculations qui ne défigurent la carte du plaisir qu’il nous procure. Et si ce livre devait ouvrir une nouvelle étape dans la constructiond’un rapport plus juste avec les pays producteurs ?
Gilles Fumey est professeur de géographie culturelle (Sorbonne Université) et chercheur au CNRS (laboratoire Sirice). Créateur des Cafés géographiques, il anime le blog de Libération « Géographies en mouvement ». Il chronique régulièrement dans les revues professionnelles de l’alimentation. Ses dernières publications : « Atlas de l’alimentation » (CNRS Editions), « Feu sur le breakfast ! »(Terre urbaine).
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