« Non, franchement, dites-moi ce que l’homme a de plus que le cochon ? Son cerveau ?… Quand on voit où ça l’a mené !… » Ici, comme à l’étal, on compare, on tâte, on soupèse. Homme ou cochon : quel est le meilleur morceau, le plus goûteux, le plus rentable ?
C’est une fiction ? À peine. Pas besoin de pousser bien loin la logique économique pour imaginer un monde où l’homme se vend, comme le bétail, à l’abattoir. Depuis qu’il a perdu sa place au centre du monde, rien – ou presque – ne l’autorise à se distinguer d’une quelconque marchandise. Et il est hypocrite de s’insurger contre les effets destructeurs d’un « système » quand on consent à la dévaluation de l’être humain qui en est le fondement.
Ce serait plutôt une farce. Car pour l’instant nous préférons en rire. Une farce philosophique et charcutière. Mais le persil est distribué à la sortie pour ceux qui veulent continuer à vivre en paix.
Née en Valais en 1963, Anne-Lou Steininger vit actuellement à Genève. Elle est l’auteur de La maladie d’être mouche (Éd. Gallimard), qui a été adapté plusieurs fois au théâtre. Le texte du Destin des viandes a reçu le prix de la Société Genevoise des Écrivains en 2001.
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