Geneviève Heller. Charlotte Olivier, La lutte contre la tuberculose dans le canton de Vaud (1992)

Présentation

«Genevieve Heller – connue pour sa thèse de doctorat Propre en ordre (1979) et son Tiens-toi droit (1988) – élargit son champ d’étude en retracant la lutte contre la tuberculose et le role central de Charlotte Olivier, dans le canton de Vaud. Qui se souvient de l’austère et fragile Silhouette noire, toute d’angle et de hauteur de la Doctoresse Olivier arpentant le canton et interpellant toutes les autorites? Ce livre nous plonge au coeur de la lutte contre la tuberculose, qui aujourd’hui, à l’heure d’un nouveau fleau, – le SIDA – apparait lointain et dérisoire, alors que son histoire nous rappelle de pertinentes similitudes. Cette maladie marqua toute la vie de ce pays; le combat contre elle mobilise non seulement le corps medical, mais transforme les comportements et les habitudes de vie. La liste des nouveautés est longue: la Ligue vaudoise contre la tuberculose (1906), le dispensaire antituberculeux de Lausanne avec ses consultations gratuites pour les pauvres, l’Union des femmes de Lausanne, les infirmières visiteuses, les infirmières en hygiene sociale, etc.
Lutte contre une épidemie certes, mais aussi immixtion d’un pouvoir médical, volontiers paternaliste, dans la vie de famille du patient. «L’aide du dispensaire se fait à l’unique condition d’accepter la surveillance du domicile et des enfants. L’intrusion dans la famille est la condition indispensable de toute lutte antituberculeuse efficace» (Rapport D.A.T, 1914, p. 11). Mais, s’il faut soulager, fortifier et accompagner les tuberculeux, le dépistage reste l’objectif essentiel. Le dispensaire antituberculeux de Lausanne (D.A.T.), après l’appel de l’Union des femmes de 1912, est exclusivement dirigé par des femmes médecins. Le combat contre la tuberculose permet donc à une élite féminine de s’épanouir et, entre sacerdoce et combat féministe, donne ä la médecine ses premières réalisations de médecine sociale et préventive, discipline essentielle pour une lutte efficace contre cette épidemie. Un des plus beaux chapitres du livre demeure celui qui décrit la vocation de Charlotte Olivier (1864-1945). Celle-ci est née ä St-Petersbourg. Elle est l’ainée de six frères et soeurs. Sa mère, Charlotte Müller (1839-1916), et son pere, Karl von Mayer (1830-1883), appartiennent ä des familles protestantes evangeliques d’origine allemande est balte. Son père, medecin converti au protestantisme, concevait la médecine comme «un service de Dieu» (p. 24). Dispensant consultations gratuites, bienveillance envers autrui doublèes d’un sens du sacrifice, le père assure àCharlotte ainsi qu’à ses frères et soeurs, une éducation où l’impregnation chrétienne est très vive. A Lausanne, après ses études de médecine et son mariage avec Eugène Olivier, tuberculeux lui-mëme, Charlotte laisse peu de notes personnelles. Elle refusait de parler d’elle en public, préférant vitaliser son engagement par un dialogue intime avec la Sainte Bible. Notre heroïne souffrait très jeune déjà d’insomnies et éprouvait egalement de nombreux troubles d’ordre psychosomatique: «Elle a vécu longtemps mais si péniblement. Aider avec bienveillance, travailler, renoncer à soi-même, renouveler ses forces dans la conviction, telle semble être l’éthique qui a nourri sa vocation», p. 51. (Ne citait-elle pas souvent «Ouvre ta bouche pour le muet, pour la cause de tous les délaisses, ouvre ta bouche, juge avec justice et défends le malheureux et l’indigent» Proverbes 31, 8-9?) Ce livre renferme une foule de qualites. La richesse de la documentation et l’étendue du domaine de recherche soulignent l’importance des combats de Charlotte Olivier, devoilent les subtils enjeux de la lutte contre l’épidemie et présentent l’Union des femmes comme cie de voute de la prévention antituberculeuse…»Serge Jelk, Fribourg

1992 | 16 x 24 | ill. | 248 p.
ISBN 978-2-8290-0134-5
CHF 34.70.- | € 23.-
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