Né en 1938, Edouard Höllmüller a passé son enfance en Suisse alémanique. A 12 ans il apprend le français, la culture et la solidarité dans la ville ouvrière de La Chaux-de-Fonds. Ses études de lettres à Neuchâtel affinent sa passion des mots comme instruments de mémoire et d’échange.
En 1965, il emmène sa jeune famille à Kinshasa où il est nommé professeur au collège Pestalozzi (aujourd’hui Bokeleale Lisanga), puis assistant à l’université de Lovanium. Expérience de la relativité culturelle : anglais, français ou philosophie, tout se transmet autrement quand l’environnement diffère.
La famille quitte le Congo avec trois fils en 1971, endeuillée d’une fillette qui repose là-bas. Et parallèlement aux cinq petits-enfants grandira à Kinshasa un filleul prénommé Hollmuller…
De retour en Suisse, le passe-frontières approfondira l’autrement en enseignant le français aux lycéens alémaniques et, à sa retraite, comme guide touristique dans le Jura où il s’établit en 1979. En littérature, on lui doit la traduction de Nebenaussen de Christian Schmid, « Aux bornes », et de « Blaue Mauer » de Katharina Zimmermann, « La crête bleue », chronique jurassienne ainsi qu’une contribution au » Chameau dans la neige », recueil collectif sur la migration, (éd. d’En bas, 2005, 2009 et 2007). En 2012 paraît chez le même éditeur son récit de vie « L’envol, fragments de langue paternelle », réédité en version poche augmentée en mai 2017, suivi en novembre 2015 de « Dérives, essai de sur-vie ».
L’horloge de sable – RTS – 27 août 2016
Promenade et flâneries au domaine de poésie du 30 décembre 2016 : “Le passage des langues” – 30 décembre 2016 ( sur abonnement )
Concernant cette émission, voici une mise au point de l’auteur:
Une rencontre magnifique avec Edouard Höllmüller au micro de Pascal Payen Appenzeller. Nous ne pouvons que vous inviter à écouter cet entretien plein d’humanité! Ci-dessous, l’écrivain se positionne par rapport à la radio
qui l’invitait :
« C’est par amitié et admiration pour mon intervieweur, Pascal Payen- Appenzeller, par fraternité poétique, que je suis parti en “Promenade et flânerie” sur ces ondes fort étrangères à ma nature. Or non seulement je ne regrette rien, mais je suis heureux de cette transcendance partagée, car l’invitée était bien la Poésie.
Radio Courtoisie m’est foncièrement contradictoire. Si elle me séduit par sa prestance formelle, étant l’un des rares médias à ne pas maltraiter la langue ni s’inféoder à l’anglais, elle me hérisse par son discours politique qui distille lemépris ou, plus insidieusement, une condescendance d’Ancien Régime pour tout ce qui n’est pas réactionnaire. Quant aux excellentes émissions culturelles, elles trahissent souvent un esprit de nostalgie en rupture avec le monde qui change. A travers leur propos donc, j’ai mieux compris quelles blessures dues aux dérives de la modernité, quel culte du passé, quelles visions idéalistes engendrent tant de myopie sociale ; mieux saisi quelles vraies questions
urgentes produisent tant de stratégie d’arrière-garde, donc de fausses réponses. L’expérience m’intéressait particulièrement quant à la crise sociétale qui nous bloque : On ne se connaît plus dans nos différences, on ne se cause plus ; le repli et la peur occultent la réflexion et le débat ; on se lance des projections et des anathèmes où les nuances et la spiritualité n’ont plus de place. Et quand une nouvelle dimension politique transcende ces réflexes morbides, les coryphées du système la néantisent. D’où mon pied-de- nez aux idéologies, mon défi de désamorcer les clivages par la poésie. “Créer des liens”, disait Saint-Exupéry dans un monde déjà bouleversé. Aujourd’hui, sur tous les fronts de l’extrême, il s’agit plus que jamais de rechercher le dialogue. Quand donc la « radio du pays réel et de la francophonie » m’a convié au « Domaine de poésie », j’en ai saisi l’aubaine.
Merci, cher Pascal Payen-Appenzeller, pour ce partage hors normes ; et merci aux Editions d’En bas de le répercuter. »