Viceversa Littérature numéro 6/2012.

Revue suisse d’échanges littéraires. Coédition Service de Presse Suisse.

Présentation

Le regard précis et vaste de Klaus Merz, le questionnement historique d’Yvette Z’Graggen, les perspectives narratives multiples et la distance d’Alain Claude Sulzer, le paysage originel du poète tessinois Fabio Pusterla, la langue hors du commun d’Erica Pedretti, le lyrisme furieux de Jacques Roman – voici un échantillon du foisonnement littéraire que vous trouverez dans les dossiers consacrés à ces auteurs. Une nouvelle rubrique, D’un ailleurs, accueille en outre l’écrivain ukrainien Yuri Andrukhovych et la poétesse argentine, née au Tessin en 1892, Alfonsina Storni. Les traducteurs à qui nous avons donné carte blanche, Genia Catala, Hartmut Fähndrich et Matteo Campagnoli, vous feront découvrir les textes et poèmes qu’ils avaient tout particulièrement à cœur de traduire. Dans le cahier d’inédits, vous accéderez au monde imaginaire alliant écriture et dessin de Marcel Miracle, au ton noir de Wanda Schmid, à la fresque de Pietro Di Marchi et aux clairs poèmes de Dumenic Andry. La revue des publications de l’année littéraire écoulée vous donnera encore d’autres envies de lecture.

éditorial

Le nouveau numéro de Viceversa part en quête de ce qui se trouve caché sous les mots, dissimulé par les frontières linguistiques, enfoui dans les strates du temps. Ainsi s’ouvre une nouvelle rubrique, D’un ailleurs, qui élargit l’horizon de la revue grâce à deux invités : Yuri Andrukhovych nous a remis un extrait de son Encyclopédie intime des villes, écrit durant l’année qu’il a passée en Suisse ; Alfonsina Storni, poétesse très célèbre en Argentine, née au Tessin en 1892, est quant à elle revenue dans son village natal pour rencontrer l’hispaniste et auteure Hildegard Elisabeth Keller. Au cours de cet Entretien impossible, elle cite plusieurs poèmes que les lecteurs francophones découvriront pour la première fois. Avec cette nouvelle rubrique, nous souhaitons par-dessus tout offrir un accès à une parcelle de la vie littéraire suisse souvent occultée, soit en raison de son éloignement spatial ou temporel, soit à cause de sa langue d’écriture. Mais la tentative d’accéder à l’invisible ne s’arrête pas là. Klaus Merz en fait un programme poétique: «sous les phrases, il doit y avoir encore quelque chose; d’autres couches se cachent derrière les mots, des vibrations, un matériel latent ; c’est cela que j’aimerais laisser transparaître, c’est avec cela que l’on doit travailler. » Autre poète de ce numéro, Fabio Pusterla s’intéresse aux « endroits en marge, les zones de contact ou de frontière, les dépôts où les choses s’entassent », capables d’ouvrir le moi poétique à ce qui lui est extérieur tout en lui permettant de s’exprimer. Yvette Z’Graggen, quant à elle, s’interroge sur les origines cachées derrière son «nom de famille incongru». Chez Erica Pedretti, ce sont les souvenirs qui sans cesse font irruption dans le présent, ainsi que le « là-bas », celui de la jeunesse en Moravie, de la guerre, de l’exil, « qui revient sous et derrière l’‘ici’ des images en apparence inoffensives et toujours claires de l’Engadine ». L’écriture de Jacques Roman elle-même naît de l’ailleurs, celui des nuits d’insomnies, qui sont l’espace de sa poésie. Enfin, s’il est un auteur qui met 8 en scène des personnages rattrapés par leur passé ou partis sur la trace de celui-ci, c’est bien Alain Claude Sulzer. Au-delà des mots surgissent en outre des œuvres plastiques: les lavis de Heinz Egger répondent aux poèmes de Klaus Merz, offrant des paraphrases visuelles à cette écriture qui elle-même porte une grande attention au regard. Une gravure représentant un ange témoigne du fait qu’Erica Pedretti est non seulement écrivaine, mais aussi sculptrice, dessinatrice et graphiste. L’inédit de Marcel Miracle est caractéristique de la composition de son œuvre, dans laquelle écriture et dessin sont inextricablement liés. Et bien sûr, chaque texte littéraire de Viceversa est une nouvelle découverte, une traduction inédite ou un écrit encore jamais publié. Les traducteurs à qui nous tendons une carte blanche jouent eux aussi leur rôle d’explorateurs audacieux. Préparez-vous donc à entrer dans un univers de dialogues impossibles, improbables, et pourtant bien réels entre artistes, traducteurs, poètes et écrivains.
Marion Rosselet

2012 | 16 x 24 | relié | 300 p.
ISBN 978-2-8290-0431-5
CHF 34.- | € 22.-

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