Un été à l’alpage, à l’Alp Stavonas au pied du Piz Sezner dans la Surselva aux Grisons, c’est ce que nous dépeint, avec toutes ses contradictions, ce récit détaillé. Les protagonistes en sont le personnel de l’alpage, donc le maître fromager ou armailli, son adjoint et deux bouèbes, mais également les visiteurs, indigènes et touristes, qui montent de la vallée et, bien sûr, les bêtes, la nourriture, le vent et le temps qu’il fait. Le berger qui vole en parapente suffit pourtant déjà à nous indiquer que le monde moderne a fait son entrée sur la scène alpestre. Nous apprenons des faits connus mais aussi des choses surprenantes et choquantes. Une autre façon, pour ceux qui seraient encore des néophytes, de se faire une idée précise d’un monde traditionnel qui n’est pas à l’abri des pressions extérieures.
Arno Camenisch est l’un des rares jeunes auteurs de langue romanche à traiter des mêmes thèmes traditionnels de la littérature rhéto-romane que ses prédécesseurs et à les placer dans une nouvelle perspective aux niveaux de la langue et du contenu. Dans de brèves esquisses en prose, il décrit la vie des bergers et des fromagers au cours d’un été à l’alpage, dans les Grisons. Par son regard qui observe et participe en même temps, il parvient à dépeindre caractères et conditions de vie avec exactitude tout en gardant une distance ironique propre à démystifier la vie sur l’alpe. L’auteur signe les deux versions de l’ouvrage, écrit en allemand et en romanche (sursilvan). Cet exercice permet des interactions intéressantes mais le texte, même s’il regorge d’interférences (« fertic lustic, ils usfüglers, nütz-tanca »), n’en a pas moins conservé dans chaque version la sonorité propre à chacune des langues dans laquelle il est écrit. Une évocation critique originale de la réalité de la vie à l’alpage à une époque de grands changements, avec ses travers humains, ses joies et ses peines.
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