Irena Brežná. L’ingrate venue d’ailleurs (2014)

Traduction de l’allemand par Ursula Gaillard.

Présentation

« Nous avions laissé derrière nous notre pays plongé dans une obscurité familière et nous nous approchions de l’étincelante terre étrangère. « Que de lumière ! » s’écria ma mère, comme si c’était la preuve que nous nous dirigions vers un avenir radieux. Les lampadaires ne diffusaient pas une faible lueur orange clignotante comme chez nous, mais éblouissaient comme des phares. Ma mère, toute à son désir d’émigrer, ne vit pas les essaims de moustiques, de moucherons et de papillons de nuit qui voltigeaient autour des réverbères, y demeuraient collés, se débattaient pour rester en vie, jusqu’à ce qu’attirés par l’implacable lueur, ils se consument et s’écrasent sur la chaussée bien propre. Et la lumière aveuglante de la terre étrangère dévora aussi les étoiles. »

Telle une funambule marchant au-dessus du vide, « l’ingrate venue d’ailleurs » fait l’expérience de la petite Suisse démocratique, riche et policée des années 1970 avec un bagage forgé sous une dictature communiste que sa famille doit fuir. Le choc est inévitable. La jeune fille va devoir développer des stratégies et trouver des astuces pour vaincre bien des obstacles.

Ce récit caustique et poétique est scandé par les destinées effleurées d’autres personnes migrantes que la jeune femme, devenue interprète, rencontre par la suite dans des hôpitaux, des tribunaux, des centres de réadaptation, ou lors de consultations médico-sociales. Des vies souvent au bord du gouffre : réfugiés de guerre, malades, délinquants, idéalistes ou naïfs.

Au fil de son itinéraire douloureux, la jeune femme se forge une nouvelle identité, libre, ouverte, reconnue et reconnaissante.

Autrice

Irena Brežná, née en 1950 à Bratislava en Slovaquie, vit à Bâle. Arrivée en Suisse en 1968, elle a étudié les langues slaves, la philosophie et la psychologie à l’Université de Bâle. Depuis 1982, elle travaille comme journaliste et écrivaine. Elle a publié de nombreux reportages, notamment sur la Tchétchénie. « Le meilleur des mondes » (Die beste aller Welten, Ebersbach, 2008) paraîtra en automne 2014 aux Éditions d’en bas. « L’ingrate venue d’ailleurs » (Die undankbare Fremde, Galiani, 2012) a valu à son auteure le Prix fédéral de littérature 2012.

2014 | 14 x 21 | relié | 120 p.
ISBN 978-2-8290-0475-9
CHF 26.- | € 14.-
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