«…C’est souvent sur un fond de traits efficacement entremêlés que se déroulent les scènes métaphoriques dessinées par l’artiste lausannois: la cage est installée, les barbelés enserrent le lieu du délit, le théâtre du crime, de la sottise en acte et de l’illusion entretenue. C’est sur ce fond emblématique que se dresse, par exemple, le Cervin amolli, littéralement dégonflé, image d’un folklore devenu oreiller de paresse, sur lequel, le Suisse moyen dort la conscience tranquille, quand il ne le salue pas d’un geste militaire purement réflexe.
…Les métamorphoses tragiques ou ridicules des personnages auscultés par Martial Leiter révèlent l’existence d’un univers déréalisé, détourné de son sens profond, littérallement insensé, les terres d’asile se muant alors en asiles de fous… Elles montrent assez à quel degré d’absurdité pourrait atteindre une société dont les temples sont des banques et des supermarchés, les écritures saintes des bilans économiques, et la spiritualité un caddy vide sur lequel veillent sans espoir un âne et un boeuf désenchantés…»
Extrait de la postface de Dominique Vollichard.
Martial Leiter est né le 14 avril 1952 dans le village de Fleurier dans le Val de Travers, dans un milieu modeste. Après un apprentissage de dessinateur technique, il se consacre en autodidacte au dessin artistique et expérimente la gravure et la lithographie. Remarqué pour la qualité graphique et satirique de ses dessins, il collabore dès 1970 pour la presse écrite. D’abord, dans des revues satiriques régionales comme La Pomme d’Yverdon et la Tuile jurassienne, il est ensuite publié par le 24 Heures. Il est présent, dès les années 1990, dans les principaux titres romands (Le Nouveau Quotidien, Le Courrier, Le Temps), alémaniques (Tagesanzeiger, Die Wochenzeitung, NZZ) et internationaux (Die Zeit, Le Monde, Le Monde diplomatique). Entre 2012 et mars 2013, Leiter est le dessinateur éditorialiste du bimensuel genevois La Cité. En parallèle, il mène une activité d’artiste plastique. En 2003, il collabore au numéro XIII de la revue suisse d’art TROU avec un travail sur les désastres des guerres. De juin 2004 à mars 2005, il expose 300 épouvantails en pleine nature à Cernier (NE). Cette installation monumentale a servi de décor au clip de Mylène Farmer Fuck them all. Depuis le début de sa carrière, il expose régulièrement dans des musées, centres culturels et galeries en Suisse et à l’étranger. Il a également remporté de nombreux prix : le Prix Alice Bailly (Lausanne, 1979) ; le Prix de la 9e Triennale Internationale pour gravures originales (Granges, 1982) ; le Prix de la Fondation pour les arts graphiques en Suisse (ETH, Zurich, 1983) ; le Prix de l’Union Syndicale Suisse (1994) et, plus récemment, le Prix de l’Humour noir (Paris, 2010).
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