Extrait de la lettre de la Fondation UBS pour la culture (datée de mai 2020),

adressée à Jean Richard, concernant l’octroi d’une subvention aux Éditions d’en bas à titre de reconnaissance dans le domaine de la traduction littéraire.

L’extrait ci-dessous est signé Roman Bucheli*. Traduction de l’allemand par Laura Richard.

« On dit volontiers d’un éditeur qu’il accomplit son travail avec passion. Je pense que, dans le cas de Jean Richard, des éditions d’en bas, ce stéréotype est pour une fois même un doux euphémisme. Car Jean Richard appartient probablement à la catégorie des éditeurs fous qui ne reculent devant rien, qui risquent tout, qui s’investissent dans chaque livre comme s’il pouvait être le dernier.
Il y a quelques éditeurs qui s’engagent pour la traduction en Suisse, mais je n’en connais aucun qui ait une plus grande connaissance et une cohérence aussi téméraire pour porter les livres de ses auteurs au-delà des frontières linguistiques en Suisse romande : de Suisse italienne, par exemple, la poésie de Fabio Pusterla ou bientôt le fabuleux poème épique Maiser de Fabiano Alborghetti [à paraître], des Grisons des œuvres de Leo Tuor ou d’Oscar Peer. Il a fait d’Arno Camenisch une étoile montante tant en Suisse romande qu’en France, avec pour dénouement – réjouissante pour l’auteur, mais triste pour l’éditeur – la vente des droits de tous ses livres à une maison d’édition française. Si Jean Richard regrette une telle perte, il n’est pas du genre à baisser les bras pour autant.
Par exemple, il persévère avec la publication récente de la paraphrase d’Ulysse de Reto Hänny, L’ombre de Bloom, dans l’excellente traduction de Lionel Felchlin : comme dans la version originale en allemand, la traduction française consiste en une seule et unique phrase sans fin. Ce livre en particulier montre que Jean Richard ne recule pas devant les ouvrages les plus ambitieux ; au contraire, c’est précisément l’impossible qui l’attire le plus. Seule compte la qualité littéraire. Son programme éditorial raffiné démontre son instinct infaillible. Et une fois qu’il a choisi une autrice ou un auteur, il s’investit pour ses œuvres avec ferveur et un enthousiasme contagieux.
Les éditions d’en bas ont été fondées en 1976, Jean Richard en est le directeur depuis 2001 et publie une vingtaine de titres par an. Outre les traductions, la maison d’édition publie aussi, bien évidemment, des livres d’auteur.e.s romand.e.s, comme par exemple Jérôme Meizoz ou Isabelle Sbrissa. »

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